Une parole de mère Silouana pour notre temps

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Au temps du confinement mars 2020

Gloire à Toi, notre Dieu, gloire à Toi! Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi, pécheur! Seigneur Jésus-Christ, illumine mon esprit obscurci pour que je puisse dire une parole à ceux qui me l’ont demandé.

Ce qui est important maintenant pour nous, pour chacun de nous, c’est de comprendre qu'il existe une double réalité. Il y a cette réalité matérielle palpable, quotidienne, de ce monde, réalité qui nous rassemble, nous contraint, nous effraie, nous blesse, et il y a la réalité divino-humaine – ici chez nous –, la réalité divine, la réalité de Dieu. Donc, ici sur terre nous avons ces deux réalités: la réalité palpable, sensible, sans Dieu et la réalité sensible, palpable, concrète avec Dieu. En fait, toute la réalité créée, tout ce qui peut être vu, tout ce qui existe est apporté à l’existence par Dieu, est maintenu dans l’existence par Dieu et conduit sur son chemin par Dieu. Ainsi, la réalité de Dieu, divine, est présente dans la réalité créée sous cette forme de création, de providence, de soin et de direction vers le but pour lequel Dieu a amené le monde à l'existence. De plus, avec l'incarnation du Fils de Dieu, la Réalité divine, Dieu Lui-même est devenu homme et faisant sienne la nature humaine, Il a fait sien tout le cosmos, parce que la nature humaine contient la chair, composée des éléments de la réalité cosmique. Et cette réalité est comprise en Christ Dieu et elle est déifiée. Alors, pardonnez-moi, mais dans la réalité en Christ-Dieu, on peut dire qu’il n'y a plus de carbone, car le carbone devient un carbone sacré, un carbone déifié. Toute nature créée, toute matière est déifiée et personnalisée en Christ Dieu.

Sauf que dans ce monde créé il y a des créatures étranges et spéciales: les humains. Ils sont libres, car ils sont amenés à l'existence par Dieu et bénéficient de toutes les œuvres salvatrices et sanctifiantes de Dieu, à une seule condition: qu'ils le veuillent, qu’ils travaillent à l'intériorisation de cette grâce sanctifiante. Ainsi, nous avons été baptisés, nous nous sommes unis au Christ. Cette union s'est faite au plus profond de notre être. Tout notre être est uni à la nature du Christ, il est donc uni à Dieu. Mais ma personne, mon hypostase, a la liberté d'activer dans ses actions, paroles, pensées, cette nouvelle énergie. Ou pas! Et de fonctionner alors selon les anciens schémas, les anciennes énergies, sans Dieu.

Si nous ne comprenons pas ces choses, nous ne pouvons pas bénéficier de laide dont nous avons tous besoin dans cette situation difficile. Quelle est cette aide? C’est cette grâce sanctifiante de Dieu, cette énergie incréée de Dieu que je reçois dans notre Sainte Eglise à travers les Saints Sacrements, et que je dois activer. Parce que si je veux allumer la lumière électrique dans ma maison et que je n'appuie pas sur l'interrupteur pour allumer l'ampoule, rien ne se passera. Et dans ma vie, c’est la prière qui est ma façon d’appuyer sur linterrupteur, c’est l’effort que je fais pour vivre sans péché. La prière m'aide à activer le pouvoir que Dieu me donne de ne plus aimer le péché, de ne plus pécher.

Les fils, les conducteurs par lesquels cette énergie nous parvient sont un peu rouillés, un peu tachés, plutôt bouchés, plutôt sales de péché. Donc, si nous voulons bénéficier de manière urgente et profonde de cette énergie, nous devons nettoyer ces tuyaux. Cela se fait par le repentir. Alors, vous dites: «Mais nous nous sommes confessés, nous nous confessons.» C'est vrai! Mais une chose est de se confesser et une autre est de renoncer à tout ce que nous avons fait de mal aux yeux de Dieu, et une autre est de haïr le mal, car nous devons le haïr.

Chacun doit se souvenir de toutes les choses mauvaises qu’il a faites, tous les jours, celles qui sont connues ou pas connues et dire: «Seigneur, pardonne-moi!», en faisant quelques prosternations - disons 30 prosternations, 50 prosternations, 100 prosternations après avoir péché. Et criez à Dieu: «Seigneur, purifie-moi! Seigneur, purifie-moi de tout péché et fais que je haïsse le péché!». Puis, immédiatement après cela, nous achevons cette purification avec la puissance que Dieu nous donne dans l'Église à travers les prières dans lesquelles œuvre le Saint-Esprit. En ces temps terribles, chacun de nous doit lire tous les jours le Canon de repentance à notre Seigneur Jésus-Christ, la Paraclisis à la Mère de Dieu ou un autre Canon ou autre Acathiste à la Mère de Dieu, une prière à l'Ange gardien, puis au moins un psaume, et si possible un cathisme du Psautier, et lire la Parole de Dieu – l'Évangile.

Nous faisons tout cela avec la pensée, la croyance et la conviction que nous nous protégeons ainsi de la méchanceté du temps, du coronavirus et de toutes les autres méchancetés – moi et ceux qui m'entourent, et tout le monde. C’est ainsi que nous activons la Grâce de Dieu. Cette grâce est comme un manteau qui nous enveloppe et nous protège et plus encore, nous transforme en une sorte de centres d'énergie qui va s’infuser dans le monde entier. Nous devenons ce que Dieu avait prévu pour nous: des transformateurs. Nous recevons cette énergie de Dieu, nous l'incarnons dans notre parole, dans notre attitude, dans nos gestes, dans notre vie, et de cette façon elle se répand autour de nous, dans notre maison, dans notre famille, dans notre communauté, partout dans le monde. Plus nous sommes nombreux et ensemble, plus cette énergie de Dieu rendra Sa présence et Son travail plus palpables. Un bon moyen de le faire est de constituer des groupes en ligne. Fixez-vous une heure! A une heure fixe, priez ensemble avec «Seigneur, Jésus-Christ» ça aide beaucoup. Mais soyez vraiment conscients de la présence des autres.

Ensuite, une chose extrêmement importante: remercions Dieu pour toutes les bénédictions terrestres et célestes que nous avons reçues jusqu'à présent. Ce n'est que maintenant, dans ces moments difficiles, que nous réalisons que nous ne nous sommes pas réjouis des bons moments. Ce n’est que lorsque notre prochain meurt que nous nous rendons compte que nous n’avons pas apprécié sa présence, que nous n’avons pas rendu grâce à Dieu, que nous ne lui avons pas dit combien nous l’aimions. Alors, maintenant, considérons cette situation difficile comme un jugement. Et prenons conscience que celui qui est à côté de moi pourra périr demain. Lai-je assez aimé? Ou des bêtises sans importance nous ont-elles éloignés l’un de l’autre? Le pardon mutuel nous permet de nous réveiller de cet état dégoïsme et dindifférence dans lequel nous sommes. L’indifférence! Tiens! Tiens! Nous serions indifférents! En fait, nous ne ressentons pas le mal que nous faisons, mais nous sommes très sensibles au mal que lautre nous fait. Et plus nous sommes indifférents devant Dieu, plus nous sommes sensibles à la méchanceté du monde.

Considérons alors que cet état durgence, cet état spécial du monde, est un appel doux et tendre de Dieu à nous éveiller. Nous souffrons, en effet, mais dans quelles conditions de luxe nous souffrons! Nous avons encore de la nourriture, nous avons du chauffage, nous avons de la lumière, nous avons de leau, nous avons aussi la télévision, nous avons Internet et nous pouvons aussi faire toutes sortes de bêtises pendant lisolement. Remercions Dieu de nous avoir donné ce temps, ce temps de repentir dans le confort pour ainsi dire, dans de bonnes conditions pour nous – faibles et vulnérables. Pardonnez-moi, mais bientôt il y aura des temps plus difficiles si nous n'appelons pas Dieu maintenant, pour nous et pour le monde entier, si nous ne renonçons pas au péché et si nous restons prisonniers du péché, alors d'autres maux plus grands viendront: comme les guerres, les cataclysmes, les inondations ou les incendies, partout... Dans tous ces cas, nous n’aurons plus de maison, plus d'abri, plus nos proches autour de nous etc. Alors, apprenons à ne plus cultiver la peur et devenons responsables: «Seigneur, accorde-moi maintenant le repentir, accorde-moi maintenant de Te rejoindre, de me réjouir de Tes dons et de Te remercier pour tout.»

En ces temps que nous vivons, il y a un autre problème c’est la panique, les sentiments catastrophiques. C'est normal. L'homme a peur de la mort, l'homme a peur de perdre le confort qu'il a en quelque sorte acquis, l'homme a peur de perdre ce qu'il a, parce que l’homme est complètement attaché à l'existence terrestre. Tant que nous sommes seuls dans cette existence, et que nous ne voyons pas l'autre, nous ne nous y préparons pas et la peur nous rongera surement et profondément.

Mais en même temps, il y a aussi un état de panique chez ceux qui prient, chez ceux qui sont très fidèles ; même un moine peut avoir un état de panique, de peur. Cela peut être une sensibilité spirituelle. L'homme qui prie et se donne par la prière aux autres, vit ce que les autres vivent. La peur et la douleur peuvent être ressenties non pas pour les autres, mais comme celle des autres. Je vis ta peur, je vis votre peur, Dieu me la donne à moi. Pourquoi? Parce que je peux la donner à Dieu. Faites confiance aux hommes de prière–je ne dis pas que vous devez vous transformer en de tels transformateurs – mais osons demander aux pères, aux moines, à ceux qui prient et aux saints de prier pour nous . Demandons-leur de prier, car ils rassemblent, absorbent nos peurs et les vivent en eux-mêmes, en les donnant à Dieu. Certains d’entre nous reçoivent la douleur des autres pour la donner à Dieu, d'autres la peur, d'autres le désespoir. Soyez conscients de ça, car vous pouvez vous-même vivre la peur de votre enfant ou celle de votre mari – alors donnez-la à Dieu.

Il en va de même avec nos ressentis. Quand la panique arrive, regardons-la de près, et vivons-la dans notre corps. Ressentons-la dans notre corps et dans notre âme. Soyons conscients de la partie incarnée de ce ressenti . C'est le moment où je dois invoquer Dieu: «Seigneur, guéris mon âme! Dieu, je Te donne ma peur! Dieu, je te donne cet état de passion! «Ne laissez pas ce vécu vous envahir, ne le laissez pas monter jusqu’à votre pensée. «Pauvre de moi! Je vais mourir, nous allons mourir, nous allons tous mourir!» Au moment où j’arrive à dire «Pauvre de moi!», je me sépare de Dieu et Il ne m'aide plus, Il ne me guérit plus, parce que je me détache de Lui, je ne Lui donne pas ma partie blessée.

Alors faites attention: je dois prendre conscience de mes ressentis, de mes émotions – peur, colère, haine, désespoir, envie – je les vis dans mon corps, dans mon âme, je ne laisse pas ces ressentis monter jusqu’à la tête et j'invoque Dieu, en disant: «Seigneur, aie pitié de moi! Seigneur, guéris mon âme! Mon Dieu…» – on le dit mille fois, jusqu'à ce que ces ressentis disparaissent, sinon la vie devient une caricature. Le diable nous tourmente avec toutes sortes de vécus et de sentiments, nous nous précipitons alors pour accumuler de la nourriture, comme nous l’avons vu, et notre vie devient pitoyable.

Souvenons-nous donc que nous ne voulons pas seulement nous protéger du coronavirus, mais nous voulons nous habiller en Christ, nous habiller dans la joie, nous habiller dans la grâce! C’est là notre mission. Et ce coronavirus est un don, un don qui nous montre que nous vivons dans l’indifférence et que nous pouvons enfin nous réveiller. Que sans Dieu, tout ce que nous possédons, tout ce que nous faisons importe peu, sans Dieu nous n’allons pas bien du tout!

Que Dieu vous bénisse! Je vous prends dans mes bras, dans la prière, autant que je peux, moi, l’indigne. Je vous embrasse et je reste la vôtre, Mère Silouana! Que Dieu nous aide!

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